Pokémon Legends A’Z : la légende s’effrite ?

Pokémon Legends A’Z : la légende s’effrite ?

Il fut un temps où acheter un jeu Pokémon était un réflexe, presque un rituel sacré. Une promesse d’évasion, de collection, de batailles épiques et de nostalgie pure. Aujourd’hui, c’est devenu un acte réfléchi, presque méfiant. Parce que malgré l’amour que beaucoup portent à cette licence mythique, la flamme vacille. Et Pokémon Legends A’Z censé prolonger la lignée d’Arceus n’a pas réussi à la rallumer.

Un héritage lourd à porter

Depuis la 3DS, plus aucun épisode ne m’a vraiment marqué. À chaque sortie, l’espoir revient : “Peut-être que cette fois, ils vont se dépasser.” Mais non. Pokémon Légendes Arceus avait tenté quelque chose, une respiration différente, un monde plus libre, plus vivant. Ce n’était pas parfait, mais au moins, on sentait la volonté d’innover. Avec Légendes A’Z, Game Freak semble avoir oublié ce souffle. Le jeu se présente comme un retour aux bases, mais sans la magie ni la patte visuelle qui faisaient de Légendes une expérience à part. Là, on se retrouve face à un Pokémon “classique” déguisé en spin-off, sans véritable identité.

Des idées, oui… mais inachevées

Les combats en temps réel ? Bonne idée. Malheureusement, c’est encore bancal. L’exécution manque de fluidité, les timings ne sont pas toujours clairs, et certaines mécaniques semblent sous-exploitées. L’idée d’une grande ville centrale, sorte de hub vivant, est excellente sur le papier. Mais graphiquement… on reste bloqué dans le passé. Pas moche, non, mais indigne d’un jeu phare de la Switch surtout quand d’autres studios Nintendo montrent qu’on peut faire bien mieux avec le même hardware.

Un scénario bridé par sa lenteur

Le scénario, lui, démarre bien : mystère, promesse d’aventure, de mythologie Pokémon renouvelée. Sauf que pendant 1h30, on est pris par la main, sans réelle liberté. Cinq à six missions principales avant de pouvoir explorer un peu ? C’est long, trop long. Et quand enfin la liberté arrive, oui, on se sent bien. On découvre, on capture, on se perd un peu dans ce monde. Le plaisir revient… mais jamais totalement. Parce qu’il y a ce je-ne-sais-quoi qui manque. Cette étincelle, ce frisson, cette magie qu’on ressentait jadis en lançant une nouvelle partie sur Game Boy ou DS.

La concurrence montre la voie

Et pendant que Pokémon ronronne, d’autres avancent. Palworld, par exemple. Oui, il joue sur un terrain différent, plus déjanté, plus “survie”, mais techniquement, il fait mieux. Le monde est vivant, dynamique, immersif. On construit, on récolte, on élève, on vit avec nos créatures. Imagine un Pokémon où l’on pourrait bâtir sa propre base, fabriquer ses objets, gérer son petit ranch pour élever ses Pokémon, partir en exploration… et revenir ensuite en ville pour participer à des combats d’arène, des tournois ou des missions spéciales. Ce serait incroyable. Et c’est frustrant de voir d’autres studios oser ce que Game Freak refuse encore d’essayer.

Le prix du rêve brisé

Et puis, il y a la pilule du DLC à 29 euros. Annoncé avant même que le jeu de base ait le temps de respirer. À ce stade, ce n’est plus une surprise : c’est une habitude. Mais quand même. Un contenu additionnel qui ne sort que dans quatre mois, sans véritable offre pour les fans fidèles ou les précommandeurs ? C’est rude. Même les studios les plus avides offrent souvent un geste. Là, on sent que la machine Pokémon tourne en pilote automatique, portée par la certitude que les fans achèteront, quoi qu’il arrive.

Conclusion : Pokémon doit se réveiller

Je le dis sans haine, mais avec le cœur : Pokémon doit se réveiller. Cette franchise qui a façonné des générations de joueurs est en train de s’endormir sur ses lauriers, pendant que d’autres studios prennent des risques, innovent, explorent. Pokémon Legends A’Z n’est pas un mauvais jeu. Il est plaisant, parfois même touchant. Mais il n’a pas cette âme, cette ambition qu’on attend d’un “Légendes”. Et si Game Freak continue de jouer la sécurité, il risque de finir comme ces studios qui pensaient qu’ils étaient intouchables… jusqu’à ce que le public parte voir ailleurs.

Note d’AsceWolf : 13/20

Un jeu correct, porté par une idée encore solide mais usée. Un plaisir nostalgique qui s’effrite face à l’envie d’un futur plus audacieux.

“Pokémon, on t’aime. Mais là, il est temps de te dépasser.”