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Sorti dans un paysage vidéoludique où le survival-horror oscille entre blockbusters survitaminés et productions indé opportunistes, Tormented Souls 2 s’inscrit dans une niche volontairement rétro. Le premier épisode avait été remarqué pour son hommage assumé aux codes de la fin des années 90 : caméras fixes, puzzles omniprésents et atmosphère lourde héritée de Resident Evil et Silent Hill. Trois ans plus tard, cette suite choisit de reconduire le même cahier des charges, avec des ajustements ciblés mais sans véritable rupture. Un positionnement clair, qui lui permet d’affirmer une identité, tout en exposant ses limites structurelles.
L’histoire reprend plusieurs années après les événements du premier opus. Carolina, encore marquée psychologiquement, vit avec sa sœur Anna, victime d’une maladie mystérieuse aux manifestations surnaturelles. Ce prétexte narratif conduit naturellement l’héroïne à replonger dans un univers hostile, dominé par des influences occultes et des environnements dégradés. Sur le papier, le récit gagne en densité. On y trouve davantage de cutscenes, quelques tentatives d’étoffer la psychologie de Carolina, ainsi qu’une volonté de donner un sens à son parcours plutôt que de la laisser évoluer dans un simple décor horrifique. Cependant, malgré ces efforts, l’écriture reste très contrainte. Les dialogues manquent de naturel, la mise en scène demeure rigide et certains personnages secondaires semblent davantage servir de relais à des explications qu’à une réelle progression émotionnelle. Si la structure narrative est claire, elle n’offre guère plus qu’un fil conducteur fonctionnel. L’ensemble s’inscrit donc dans une tradition très codifiée du genre : un mysticisme diffus, une héroïne vulnérable mais résiliente, et une intrigue qui privilégie l’atmosphère à la profondeur. Une orientation cohérente, mais qui limite la portée du récit.

Sur le plan visuel, Tormented Souls 2 montre une évolution notable. Le jeu propose une variété de décors plus importante : chapelle délabrée, village déserté, laboratoires corrodés, manoirs aux architectures complexes. Cette diversité, combinée à une utilisation plus fine de la lumière, permet d’éviter la monotonie qui pouvait s’installer dans le premier épisode. La caméra fixe, élément fondateur de la série, bénéficie également d’un vrai travail. Les angles sont choisis avec davantage de pertinence, permettant de renforcer la tension sans nuire à la lisibilité. La transition entre les plans est plus fluide, ce qui réduit les ruptures et renforce l’immersion. Toutefois, cette amélioration artistique se heurte constamment à des limitations techniques. Les animations sont souvent rigides, les visages peu expressifs et certains effets (fumée, eau, particules) manquent de naturel. Le jeu conserve une identité visuelle marquée, mais l’écart entre l’ambition artistique et les moyens techniques reste perceptible. L’expérience fonctionne, mais elle s’appuie davantage sur la direction artistique que sur la puissance du moteur.

Le cœur du gameplay reste inchangé : exploration méthodique, gestion stricte des ressources, énigmes nombreuses et danger constant. Ce socle, très proche du survival-horror des années 1996–2003, constitue à la fois la force et la rigidité du titre.
S’il y a un point sur lequel Tormented Souls 2 excelle, c’est bien la conception de ses puzzles. Leur présence est omniprésente et justifiée, sans jamais paraître artificielle. Les énigmes exploitent intelligemment les objets récoltés, les environnements et l’observation attentive. On retrouve des mécanismes mécaniques, des codes logiques, des manipulations d’objets en 3D et des interactions sur plusieurs salles. Le jeu respecte une règle essentielle : rien n’est gratuit et chaque solution découle d’indices explicites, parfois discrets, mais toujours cohérents. C’est sans doute l’aspect qui convaincra le plus les joueurs en quête d’un survival-horror methodique et cérébral.

Le combat reste en revanche le maillon faible. L’intention est claire : maintenir une lourdeur volontaire pour préserver la tension. Cela se traduit par des mouvements lents, une inertie importante et une gestion limitée des esquives. Le problème est que les hitbox manquent de précision, que les animations ne soutiennent pas suffisamment la lisibilité et que les angles de caméra peuvent compliquer certaines situations sans que cela serve réellement le gameplay. Quelques armes originales viennent enrichir l’arsenal, mais l’ensemble reste davantage une nécessité qu’un plaisir. Le combat remplit son rôle minimal, mais dépasse rarement ce seuil.
Comparé au premier épisode, Tormented Souls 2 bénéficie d’une construction d’environnements plus cohérente. Les zones s’interconnectent mieux, les retours arrière sont moins artificiels et les salles de sauvegarde judicieusement placées. Le rythme général, sans être parfaitement maîtrisé, montre une progression dans la fluidité. Cependant, le jeu reste très attaché à une structure d’un autre temps. Les portes fermées par clés spécifiques, les puzzles obligatoires pour progresser et les déplacements répétitifs sont autant d’éléments qui renforcent l’identité rétro, mais peuvent aussi accentuer la fatigue sur la durée. Le titre assume totalement cette approche, mais elle ne conviendra pas à un public habitué à des formules modernisées.


La bande-son joue un rôle majeur dans l’immersion. Sans se montrer particulièrement originale, elle accompagne efficacement la progression. Les nappes sombres, les motifs dissonants et les notes isolées renforcent une atmosphère oppressante sans jamais tomber dans l’excès. Le sound design, lui, réussit à créer un véritable inconfort : grincements, chuchotements, bruits métalliques et grognements distants construisent un environnement sonore cohérent et maîtrisé.
Sur le plan technique pur, Tormented Souls 2 n’est pas exempt de problèmes. On observe un aliasing perceptible, quelques ralentissements dans les zones chargées et un certain nombre d’artefacts visuels mineurs. Rien de totalement bloquant, mais un ensemble qui trahit le statut AA de la production.

Comptez environ 8 à 12 heures pour compléter l’aventure, davantage si vous prenez le temps d’explorer et de résoudre les énigmes sans aide. Une durée de vie cohérente pour le genre et la structure du jeu.
Tormented Souls 2 est un jeu appliqué, cohérent dans ses intentions et fidèle à son héritage. Il améliore plusieurs aspects du premier épisode sans jamais trahir sa philosophie. Ses puzzles solides, sa direction artistique marquée et son ambiance sonore soignée en font une proposition respectable pour les amateurs de survival-horror rétro. Cependant, le jeu peine à dépasser ce statut. Ses combats approximatifs, ses limites techniques et son attachement rigide aux codes du passé l’empêchent d’accéder à une dimension supérieure. Ce n’est pas un titre révolutionnaire, ni même moderne : c’est une œuvre de niche, maîtrisée dans son domaine, mais incapable d’élargir son horizon.
Écrit par: Warmelin
Pqube survival horror Tormented souls 2
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