play_arrow
AnimKids
Il y a des jeux qui se contentent d’honorer leurs aînés, et d’autres qui cherchent à leur donner un second souffle. Absolum, le dernier né de Dotemu (éditeur déjà derrière Streets of Rage 4 et TMNT: Shredder’s Revenge), appartient sans conteste à la seconde catégorie. Développé par Guard Crush Games et Supamonks, ce beat’em up teinté de roguelite propose une expérience nerveuse, intense, et surtout terriblement addictive. Mais après plusieurs heures manette en main, entre adrénaline pure et frustration maîtrisée, une question demeure : Absolum est-il un simple hommage ou un vrai nouveau souffle pour le genre ?

L’univers d’Absolum prend place dans le royaume de Talamh, un monde de fantasy dévasté par une catastrophe magique. L’équilibre des forces a volé en éclats, et un despote autoproclamé, Azra le Roi-Soleil, règne sur les ruines d’une civilisation autrefois prospère. Dans ce chaos, quatre héros se dressent pour restaurer un semblant d’ordre : Galandra, guerrière sylphide au sabre rapide, Karl, un nain armé d’un fusil et de ses poings, Cider, assassin agile et insaisissable, et Brome, un mage amphibien à l’humour grinçant. On ne va pas se mentir : le scénario n’est pas ce qui retient le plus l’attention. L’intrigue se limite souvent à un prétexte pour justifier les bastons, avec des dialogues efficaces mais convenus. Pourtant, quelques détails de mise en scène, des écrans de transition stylisés et la diversité des héros suffisent à donner de la personnalité à cet univers. On sent que les développeurs ont voulu un ton pulp, plus proche du comics fantastique que de l’épopée tragique. Et franchement, ça fonctionne.
Absolum s’inscrit dans la continuité du savoir-faire de Guard Crush Games : un système de combat d’une fluidité exemplaire, à la fois simple à prendre en main et d’une profondeur réjouissante. Chaque personnage dispose de son propre panel de coups, de ses timings, de ses portées et de ses compétences spéciales. Les premières minutes suffisent à sentir l’impact des coups, cette sensation presque physique qui rappelle les plus grands beat’em up des années 90. Les coups légers, lourds, projections et parades s’enchaînent naturellement. Mais Absolum ne s’arrête pas à la nostalgie : il injecte une dimension stratégique moderne grâce à la jauge d’Arcanes, qui se remplit à mesure qu’on frappe ou qu’on encaisse. Une fois pleine, elle déclenche des attaques spéciales surpuissantes, idéales pour renverser un combat mal engagé. Le jeu récompense la prise de risque et la maîtrise du timing : esquiver une rafale d’ennemis au dernier moment, contre-attaquer avec précision, ou jongler un adversaire dans les airs procure un plaisir immédiat. À cela s’ajoute la dimension roguelite : chaque run propose des choix de chemins, des bonus aléatoires, des malédictions temporaires et des améliorations à long terme. Les fameuses “runes” récoltées permettent de débloquer de nouvelles compétences ou de renforcer les personnages entre deux sessions. Le principe est limpide : on meurt, on apprend, on revient plus fort. Le rythme est bien calibré, et chaque run a ce petit goût de “allez, une dernière avant d’aller dormir”.

Visuellement, Absolum impressionne. Le jeu mise sur une 2D dessinée à la main, animée avec un soin maniaque. Chaque coup de poing, chaque effet magique, chaque explosion est accompagné d’un feedback visuel précis et percutant. Les arènes regorgent de détails : ruines végétalisées, cités suspendues, temples engloutis ou forêts cristallines… L’univers oscille entre le médiéval et le techno-fantastique, ce qui confère au jeu une identité propre. L’animation des personnages est une vraie réussite. On retrouve le dynamisme des productions Dotemu, mais avec un ton plus sombre et mystique. Les ennemis sont variés, souvent bizarres, parfois grotesques, et les boss rivalisent d’inventivité. Mention spéciale au combat contre le Colosse d’Obsidienne, un duel titanesque où l’écran tremble sous les impacts. Côté ambiance sonore, les développeurs ont fait fort. Les musiques oscillent entre rythmes tribaux, synthés rétro et envolées orchestrales. Le mixage sonore contribue à l’immersion : chaque impact résonne, chaque sort fait vibrer la manette, et les voix, bien que rares, apportent une dimension dramatique bienvenue.

En bon roguelite, Absolum base une grande partie de sa force sur la rejouabilité. À chaque run, les zones se réagencent, les ennemis changent de comportement, et les artefacts récoltés modifient radicalement votre style de jeu. On découvre très vite qu’il n’y a pas de “build parfait”, mais des dizaines de façons d’aborder les combats. Le jeu sait se renouveler grâce à ses nombreuses synergies entre les pouvoirs. On peut orienter son héros vers la vitesse, la magie, la résistance ou l’attaque brute. Certains bonus temporaires encouragent même à changer de rythme en cours de partie, ce qui casse la monotonie et pousse à expérimenter. Cependant, après une quinzaine d’heures, une certaine répétitivité se fait sentir. Les environnements, aussi beaux soient-ils, finissent par tourner en boucle, et les ennemis de base manquent parfois de variété. Rien de dramatique, mais le joueur assidu ressentira une lassitude avant d’avoir tout débloqué. La difficulté, elle, monte rapidement : le jeu ne fait pas de cadeau, surtout sur les derniers niveaux, où chaque erreur se paie cash. Heureusement, la coopération à deux joueurs vient pimenter l’expérience. Jouer à deux renforce le chaos visuel, mais aussi le fun. Les combos s’enchaînent dans une explosion d’effets, et les synergies entre personnages sont grisantes. Absolum trouve là un second souffle, prouvant que le beat’em up reste un genre taillé pour le partage.
Absolum réussit là où beaucoup échouent : il réinvente sans trahir. Le jeu respecte les codes du beat’em up classique avancée latérale, ennemis par vagues, boss dantesques tout en intégrant des mécaniques modernes issues du roguelite et du jeu d’action contemporain. On sent une véritable passion derrière chaque coup porté, une compréhension intime du rythme et du flow propres au genre. Pour autant, le jeu n’est pas exempt de défauts. Le scénario reste en retrait, les dialogues peinent à donner de la profondeur aux protagonistes, et certains systèmes (comme la gestion des rituels ou des améliorations) manquent de lisibilité. On aurait aimé un peu plus de clarté dans les interfaces et une meilleure explication des effets passifs. Mais ce sont des détails qui s’effacent rapidement face à la qualité du gameplay. Absolum, c’est le plaisir brut du combat, la satisfaction de maîtriser une mécanique exigeante, la joie de relancer une partie juste pour tester une nouvelle combinaison d’artefacts. C’est un jeu qui ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais qui assume pleinement ce qu’il est : un concentré d’énergie, de talent et de savoir-faire.

Dotemu et Guard Crush prouvent une nouvelle fois qu’ils connaissent leur sujet. Absolum est un titre à la fois hommage et innovation, qui combine la nervosité des beat’em up d’antan et la profondeur des roguelites modernes. Beau, nerveux, exigeant, parfois frustrant mais toujours gratifiant, il s’impose comme une référence du genre pour cette génération. En définitive, Absolum est une réussite éclatante, une démonstration du savoir-faire de Dotemu et de la vitalité du beat’em up moderne. Pas besoin d’aimer le genre pour être séduit : il suffit d’aimer les bons jeux, ceux qui vous happent, vous défient, et vous font dire, manette à la main : « Allez, encore une. »
Écrit par: Warmelin
Copyright Animag - Animkids 2025
| Cookie | Durée | Description |
|---|---|---|
| cookielawinfo-checkbox-analytics | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Analytics". |
| cookielawinfo-checkbox-functional | 11 months | The cookie is set by GDPR cookie consent to record the user consent for the cookies in the category "Functional". |
| cookielawinfo-checkbox-necessary | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookies is used to store the user consent for the cookies in the category "Necessary". |
| cookielawinfo-checkbox-others | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Other. |
| cookielawinfo-checkbox-performance | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Performance". |
| viewed_cookie_policy | 11 months | The cookie is set by the GDPR Cookie Consent plugin and is used to store whether or not user has consented to the use of cookies. It does not store any personal data. |