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Trente ans. Oui, trente ans se sont écoulés depuis les premières pitreries de Simon, cet ado insolent propulsé malgré lui dans un monde de magie, de trolls idiots et de sorciers mégalos. On le croyait disparu à jamais dans les limbes de la nostalgie des point’n click des années 90, mais Simon the Sorcerer: Origins vient réveiller la licence, comme un vieux grimoire qu’on rouvre avec un mélange d’excitation et de crainte. Le studio italien Smallthing Studios a choisi la voie du préquel : raconter les débuts du jeune Simon avant qu’il ne devienne le sorcier cynique que l’on connaît. Sur le papier, un joli cadeau pour les fans d’aventure à l’ancienne. En pratique, un retour à la magie… un peu inégal.

Origins raconte comment Simon, adolescent paumé dans le monde moderne, bascule accidentellement dans un univers de fantasy farfelu. Son arrivée ne doit rien au hasard : une prophétie l’attend, et le gamin va devoir apprendre les rudiments de la magie, découvrir ce nouveau monde et affronter des situations toujours plus absurdes. Rien de bien révolutionnaire côté scénario, mais le ton reste fidèle à la série : sarcastique, moqueur, souvent méta. Simon commente tout, se moque des clichés de la fantasy et des jeux vidéo, et s’adresse parfois directement au joueur. Cette auto-dérision, marque de fabrique de la saga, fonctionne toujours aussi bien. Les dialogues sont vifs, parfois acides, et c’est sans doute le plus grand atout du jeu. On retrouve ce mélange d’humour british et de nonchalance adolescente, ce ton mi-dédaigneux mi-attendrissant qui faisait de Simon un héros atypique dans le paysage des aventures d’antan. Si le scénario reste assez prévisible dans son déroulement, il parvient à capter l’esprit d’une époque révolue sans sombrer totalement dans la parodie gratuite.
Côté gameplay, Simon the Sorcerer: Origins assume pleinement son héritage. On y retrouve le bon vieux triptyque : explorer, discuter, combiner. Le joueur déplace Simon dans des décors dessinés à la main, collecte des objets improbables et tente de résoudre des énigmes dont la logique oscille entre ingénieuse et complètement tordue. Ceux qui ont grandi avec Monkey Island ou Broken Sword se sentiront comme à la maison. Les développeurs ont ajouté quelques petites touches modernes, notamment une interface simplifiée, un curseur contextuel et un inventaire plus intuitif. Simon possède également un chapeau magique qui fait office d’espace de stockage et de source de pouvoirs. Une idée plutôt chouette sur le papier, mais trop peu exploitée pour devenir un véritable pivot de gameplay. Là où Origins peine un peu, c’est dans son rythme. Certaines énigmes flirtent dangereusement avec l’absurde, forçant le joueur à tester des combinaisons improbables jusqu’à trouver la bonne par hasard. Le jeu n’offre pas toujours les bons indices, et la logique interne semble parfois dictée par un esprit trollesque plus que par une véritable cohérence. On sent la volonté de retrouver ce charme “old school”, mais à force de vouloir coller à la difficulté d’antan, le jeu en oublie parfois la lisibilité moderne. Cela dit, quand tout s’enchaîne correctement, le plaisir est bien là. Explorer, papoter avec des personnages débiles mais attachants, et résoudre un casse-tête en se disant “ah mais oui, évidemment !” procure toujours ce petit frisson que seuls les point’n click savent offrir.


Visuellement, Simon the Sorcerer: Origins opte pour un style dessiné à la main, coloré, presque cartoon. Les décors sont pleins de détails, les personnages expressifs, et l’univers regorge de petits clins d’œil à la fantasy classique. On sent un vrai amour du matériau d’origine, avec des environnements qui oscillent entre conte médiéval et satire pop. Toutefois, le résultat manque parfois de cohérence : certaines zones paraissent plus abouties que d’autres, et quelques animations un peu raides rappellent que le jeu n’a pas les moyens d’un studio AAA. Ce n’est pas rédhibitoire, mais l’œil attentif remarquera une certaine irrégularité artistique, notamment dans la fluidité des transitions ou la lisibilité des arrières-plans. Heureusement, la direction artistique, elle, reste solide. On sent que le jeu veut évoquer la nostalgie sans singer les vieux pixels des années 90. Ce n’est pas une copie rétro, mais une réinterprétation douce-amère, qui cherche à plaire autant aux anciens qu’aux nouveaux joueurs.

Si Simon the Sorcerer: Origins fonctionne si bien par moments, c’est aussi grâce à sa mise en scène sonore. Les musiques, discrètes mais pleines de charme, accompagnent parfaitement les différentes situations : entre mystère, humour et absurde. Les doublages anglais sont excellents, en particulier celui de Simon, qui retrouve son ton narquois et son accent à mi-chemin entre fainéantise et arrogance. Le sound design, lui, reste modeste mais efficace. Chaque lieu possède sa petite identité sonore, chaque interaction a son bruitage bien distinct. Ce n’est pas une production qui en met plein les oreilles, mais elle sait créer une ambiance chaleureuse, presque théâtrale. L’immersion repose davantage sur la personnalité du héros et sur la verve des dialogues que sur les effets techniques, et c’est très bien ainsi.
Comptez une dizaine d’heures pour venir à bout de cette aventure, davantage si vous aimez tout fouiller. Le rythme n’est pas toujours constant : certaines séquences s’éternisent, d’autres se terminent brusquement. La narration souffre parfois de transitions un peu abruptes, comme si le jeu peinait à maintenir une tension continue. Le plaisir, lui, dépendra beaucoup de votre tolérance à la logique “à l’ancienne”. Ceux qui adorent expérimenter, cliquer partout, tenter mille combinaisons y verront une expérience délicieusement rétro. Les autres risquent d’être frustrés par quelques puzzles capricieux ou des aller-retours trop fréquents. La rejouabilité est, comme souvent dans le genre, limitée. Une fois l’histoire bouclée, il n’y a guère de raison d’y revenir, si ce n’est pour savourer à nouveau l’humour ou repérer les références disséminées un peu partout.

Simon the Sorcerer: Origins n’a pas la prétention de révolutionner le genre. Il se veut avant tout un hommage, une lettre d’amour à une époque où les aventures graphiques régnaient sur PC. Et à ce titre, c’est une réussite honnête. Le jeu capture assez bien l’essence de Simon : un humour malin, une touche de dérision, une aventure qui oscille entre le fantastique et la farce. On aurait aimé un peu plus d’audace, un système de magie plus poussé, et des énigmes moins capricieuses. Mais malgré ses maladresses, Origins dégage une sincérité rare. On sent que ses créateurs aiment profondément le personnage et son univers, et cette passion se ressent jusque dans les petits détails. Le jeu n’est pas parfait loin de là mais il a du cœur, et ça compte. Dans un monde saturé de productions formatées, revoir un point’n click qui assume son héritage et son grain de folie, c’est déjà un petit miracle.
Un retour réussi mais imparfait, où la nostalgie fait souvent mouche malgré des mécaniques datées. Simon the Sorcerer: Origins plaira surtout aux vétérans du genre, à ceux qui aiment se perdre dans un univers absurde et bavard, et qui acceptent que la logique du sorcier n’est pas toujours celle des mortels. Pour les autres, ce sera un petit sort de curiosité, pas forcément une révélation.
Écrit par: Warmelin
point & click Simon the Sorcerer Origins smallthing studios Sorcier
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