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Au milieu des nombreux remasters qui tentent tant bien que mal de moderniser des classiques, Romancing SaGa -Minstrel Song- fait partie de ces œuvres qui reviennent sans compromis, presque avec provocation. Jeu culte pour une minorité, incompris pour la majorité, il renaît aujourd’hui dans une version Remastered International qui promet d’être la plus complète jamais publiée. Mais ce retour tardif a-t-il réellement le potentiel pour séduire un public qui n’a plus les mêmes attentes qu’en 2005 ? Ou s’agit-il simplement d’un cadeau destiné aux irréductibles déjà convertis aux philosophies singulières de Kawazu ?
Romancing SaGa -Minstrel Song- Remastered International rappelle immédiatement la radicalité de son matériau d’origine. Ressortir un jeu aussi rétif aux conventions, aussi anti-guidage et aussi peu soucieux de sa lisibilité relève presque du défi éditorial. Square Enix promet une version plus propre, plus complète et plus confortable. Mais à aucun moment l’éditeur ne tente de moderniser ou de simplifier l’expérience. On est face à un RPG qui assume encore aujourd’hui de ne pas plaire à tout le monde et c’est presque une déclaration d’intention.
Dès le choix du protagoniste huit héros aux motivations diverses le joueur est catapulté dans un monde qui ne lui mâche rien. Pas de quêtes principales imposées, pas de tutoriel, pas de marqueurs de mission, pas d’indication de niveau. Le jeu repose sur un système d’événements semi-aléatoires, d’enchaînements conditionnels et de scripts invisibles qui peuvent, sans prévenir, ouvrir ou fermer des pans entiers du scénario. Cette liberté absolue peut fasciner par son audace. Mais elle peut tout autant dérouter, tant elle s’oppose au design narratif balisé des JRPG modernes. Ici, se perdre n’est pas un accident : c’est la règle.

Sous ses mécanismes opaques, Minstrel Song cache l’un des systèmes de combat les plus intelligents du JRPG classique. Les affrontements reposent sur un pool de points d’action que toute l’équipe partage, ce qui remet en question chaque décision. Les fameuses « Glimmers », ces inspirations soudaines où un personnage apprend une nouvelle technique en plein combat, créent des moments de tension et d’euphorie typiques de la série SaGa. Le Remastered International renforce cette structure : accélération des combats, équilibrage plus lisible, quelques ajustements de difficulté. Rien de révolutionnaire, mais juste assez pour révéler la finesse du gameplay sans sacrifier son exigence d’origine.
Visuellement, Minstrel Song reste un objet étrange, parfois kitsch, toujours singulier. Son esthétique mélange modèles 3D rigides, poses figées et environnements éclatants qui évoquent presque des illustrations fantastiques. Le remaster polie l’image, améliore la netteté et affine les éclairages, mais n’essaie jamais d’uniformiser ou de moderniser la direction artistique. Le résultat reste daté, mais avec un charme presque artisanal, amplifié par les années. La bande-son réorchestrée de Kenji Ito constitue l’un des grands gagnants : ample, expressive et parfaitement en accord avec l’univers, elle sublime de nombreuses scènes.


Le principal atout de cette version réside dans l’intégration de contenus autrefois exclusifs à l’édition japonaise : quêtes, rencontres, mécaniques supplémentaires et ajustements qui enrichissent réellement l’aventure. Le New Game+, élément essentiel pour un jeu pensé pour être rejoué, est plus permissif et évite de repartir de zéro inutilement. Quelques options de confort complètent le tableau, comme la possibilité de limiter la progression automatique des ennemis ou une navigation d’interface légèrement améliorée. Rien qui bouleverse la structure, mais suffisamment pour rendre l’ensemble moins abrasif et plus respectueux du temps du joueur.
Malgré ces retouches, Minstrel Song reste une œuvre austère, volontairement rigide et difficile d’accès. Le jeu repose sur le non-dit, le semi-aléatoire, les mécaniques implicites et le tâtonnement permanent. Perdre une quête, rater un personnage ou déclencher un évènement majeur sans comprendre pourquoi fait partie de l’expérience. En 2025, où la plupart des RPG misent sur la clarté, les didacticiels généreux et le contrôle total de la progression, cette philosophie peut rebuter. Même ce remaster, pourtant plus accueillant, ne cherche jamais à lisser les angles ni à se conformer à une logique moderne.

C’est justement ce qui fait l’originalité et la dangerosité du titre. Square Enix ne tente pas de transformer Minstrel Song en RPG mainstream. Le jeu reste un produit de niche, profondément fidèle à la vision de Kawazu : liberté totale, opacité assumée, systèmes profonds mais exigeants, structure anti-linéaire. Ceux qui connaissent la série SaGa y verront un hommage impeccablement restauré. Ceux qui la découvrent risquent de s’y heurter comme à un mur.
Romancing SaGa -Minstrel Song- Remastered International est un remaster admirable dans sa fidélité, solide dans ses ajouts et honnête dans ses intentions. Il préserve une œuvre singulière, intransigeante, et refuse toute simplification qui pourrait trahir son identité. Pour les initiés, c’est probablement la version la plus aboutie, la plus complète et la plus respectueuse du jeu d’origine. Pour les autres, il s’agira d’un RPG déroutant, cryptique et trop radical pour 2025. Mais une chose est certaine : Minstrel Song reste un jeu que l’on n’oublie pas. Pas forcément parce qu’il séduit mais parce qu’il ose être différent.
Écrit par: Warmelin
J-Rpg Nintendo Switch 2 Red Alert Games Romancing Saga
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