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« La Sicile, le sang, l’honneur »
Quand on évoque la série Mafia, on pense immédiatement aux ruelles pavées, aux codes de l’honneur et à ces dialogues chargés de tension où chaque mot compte autant qu’une balle dans le chargeur. Avec Mafia: The Old Country, Hangar 13 nous transporte bien avant les événements du premier opus, dans une Sicile du début du XXe siècle, à une époque où la Cosa Nostra n’était encore qu’une graine prête à éclore. Loin de céder à la mode des mondes ouverts sans fin, le jeu fait le choix assumé d’un récit linéaire et cinématographique, resserré autour d’un protagoniste marquant : Enzo Favara, ancien enfant des mines de soufre, propulsé malgré lui dans l’engrenage d’une organisation criminelle naissante. Ici, pas de héros au grand cœur ni de surhomme : Enzo est un produit de son époque, un homme façonné par la misère, la faim… et la nécessité de survivre.

Le point fort, et ce dès les premières minutes, c’est l’écriture. Les dialogues, travaillés avec un soin maniaque, mêlent italien, dialecte sicilien et français/anglais selon les situations. Cette authenticité linguistique, loin de créer une distance, immerge immédiatement dans l’ambiance. On sent la sueur, la poussière des champs, le parfum des cuisines, mais aussi la peur dans les regards.
L’histoire d’Enzo se construit comme une tragédie en trois actes :
La survie : apprendre les codes du clan Torrisi, comprendre qu’ici la loyauté se paye par le sang.
L’ascension : manœuvrer dans l’ombre, négocier avec d’autres familles, étendre l’influence dans San Celeste.
La chute ou la gloire : sans spoiler, sachez que le final est d’une intensité rarement vue dans un jeu narratif.
La mise en scène s’inspire ouvertement des classiques du cinéma italien et américain (Le Parrain, Il était une fois en Amérique, Gomorra), tout en gardant une patte vidéoludique : cadrages serrés pendant les dialogues, effets de lumière étudiés, transitions fluides entre gameplay et cinématiques.
Techniquement, le jeu impressionne. Propulsé par l’Unreal Engine 5, Mafia: The Old Country rend hommage à la beauté rude de la Sicile rurale. Les villages accrochés aux collines, les marchés bruyants, les processions religieuses, les champs de blé balayés par le vent… tout respire l’authenticité. Les intérieurs ne sont pas en reste : tavernes sombres, arrière-boutiques crasseuses, villas de notables décorées d’icônes religieuses et de tapisseries usées. Les artistes de Hangar 13 ont su capturer le contraste entre la chaleur visuelle des lieux et la froideur morale de ceux qui les habitent. Le cycle jour/nuit est exploité pour créer des ambiances radicalement différentes : le matin éclatant d’un mariage, la nuit étouffante d’une embuscade. Mention spéciale aux effets sonores : le chant des cigales, les cloches des églises, le murmure de conversations à demi-mot dans une ruelle… On y croit.

Ici, pas question de foncer comme un cowboy. Le gameplay privilégie la tactique et la précision. Les fusillades sont rares mais violentes, avec un feeling d’armes réaliste : le lupara (fusil à canon scié) qui cogne comme un mulet, le stiletto qui s’enfonce dans un silence glaçant, le revolver qui exige de viser avant de presser la détente.
Les missions varient habilement :
Infiltration dans un port de pêche surveillé par des hommes armés.
Poursuite à cheval dans les collines, avec un gameplay monté très fluide.
Négociation tendue autour d’une table, où une mauvaise réplique peut déclencher un bain de sang.
Sabotage nocturne des récoltes d’un clan rival.
Cette diversité évite toute lassitude. Et surtout, chaque mission est chargée d’enjeu narratif. Ce n’est pas « tuer 10 ennemis pour avancer » ; c’est « éliminer cet homme parce qu’il a trahi, et que son absence fera basculer l’équilibre des forces ».
Un rythme parfaitement calibré
Là où beaucoup de jeux s’éparpillent, Mafia: The Old Country assume un format ramassé : 10 à 12 heures pour l’histoire principale, plus un mode Exploration qui permet de revisiter San Celeste et ses environs. Ce rythme serré empêche l’expérience de s’essouffler. Chaque séquence est une pièce du puzzle narratif. On passe sans transition du calme d’une discussion familiale au chaos d’une embuscade sur une route de montagne. On est toujours en alerte, toujours investi.

Sur PS5, Xbox Series et PC, le jeu propose deux modes :
Performance : 60 FPS constants, idéal pour les fusillades.
Qualité : résolution 4K avec effets de lumière sublimes.
Les animations faciales, réalisées avec MetaHuman, sont bluffantes. Les regards, les sourires forcés, les tics nerveux… tout concourt à rendre les personnages crédibles. Aucun bug notable lors de nos sessions : les transitions sont fluides, les collisions propres, l’IA ennemie réactive (les adversaires se mettent à couvert intelligemment et tentent de vous encercler). C’est rare de voir un jeu narratif sortir aussi poli.
La musique est un personnage à part entière. Composée par un orchestre mêlant instruments classiques et sonorités siciliennes, elle varie du romantisme mélancolique aux tambours de guerre mafieuse. Les doublages sont un pur régal : les acteurs italiens, anglais et français donnent corps à des personnages déjà bien écrits. Mention spéciale à la voix grave et fatiguée de Don Torrisi, qui suffit à imposer le silence.
Un prix honnête, un contenu dense
L’édition standard est proposée à 49,99 €, ce qui, pour un AAA d’une telle qualité, est presque un cadeau. L’édition Deluxe (+10 €) offre quelques bonus cosmétiques (armes, costumes, véhicules) ainsi qu’un artbook numérique et la bande-son intégrale. Aucun micro-paiement parasite, aucun contenu amputé pour être revendu plus tard : on sent une volonté claire de respecter le joueur.

Hangar 13 signe ici l’un des meilleurs volets de la série, et l’une des expériences narratives les plus marquantes de ces dernières années. Sans céder aux sirènes de la surenchère, le studio livre un polar vidéoludique qui honore autant le jeu vidéo que le cinéma dont il s’inspire. Au-delà de ses qualités purement techniques, Mafia: The Old Country est une œuvre qui touche par sa sincérité. On y sent l’amour de ses créateurs pour la culture sicilienne, pour les codes du polar, et pour cette époque charnière où un simple choix pouvait décider du destin d’un clan entier. Rien n’est gratuit : chaque plan, chaque mission, chaque réplique a un poids. On ne joue pas seulement un personnage, on vit sa vie, ses dilemmes, ses ambitions et ses regrets. En refermant cette histoire, il reste un goût particulier, mélange de fierté et de mélancolie. Fierté d’avoir survécu à un monde impitoyable, mélancolie de quitter des personnages qui, malgré leurs zones d’ombre, nous auront profondément marqués. On se surprend à repenser à certaines scènes comme on repenserait à des souvenirs personnels, preuve que le jeu a franchi la frontière entre simple divertissement et véritable expérience émotionnelle. Mafia: The Old Country n’est pas seulement un « bon jeu », c’est un récit qui se savoure comme un grand roman noir ou un film culte. Il rappelle que le jeu vidéo peut encore offrir des histoires fortes, incarnées, et qu’il n’est pas nécessaire de noyer le joueur sous des heures de contenu creux pour le captiver. Ici, tout est ciselé, tout est pensé pour servir le propos. En un mot comme en cent, si vous aimez les récits puissants, les personnages ambigus, les atmosphères travaillées et les expériences qui laissent une empreinte durable, ne passez pas à côté. Ce voyage en Sicile vaut largement son prix d’entrée, et il vous hantera longtemps après l’avoir terminé.
Écrit par: Warmelin
2k Hangar 13 Mafia The old country
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