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Dragon Quest 1 & 2 HD 2D Remake

today10/11/2025 29

Arrière-plan
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En 1986, Dragon Quest posait les bases du RPG japonais moderne. Près de quarante ans plus tard, Square Enix nous propose un double remake ambitieux réunissant les deux premiers volets de la saga sous une même bannière : Dragon Quest I & II HD-2D Remake. Après le très réussi Dragon Quest III HD-2D sorti l’an dernier, ce diptyque poursuit le travail de réhabilitation du mythe avec une formule qui conjugue respect de l’œuvre d’origine et modernité assumée. Mais cette relecture vaut-elle vraiment la peine de replonger dans les terres d’Alefgard ? Réponse dans ce test complet.

Un retour aux sources fondateurs

Si la saga Dragon Quest est aujourd’hui synonyme d’épopées épiques et de mondes vastes, ses deux premiers épisodes étaient d’une simplicité presque biblique. Le premier, sorti sur Famicom, racontait la quête d’un héros solitaire chargé de vaincre le terrible Dragonlord et de sauver la princesse Gwaelin. Le second, plus ambitieux, ajoutait un monde plus vaste, trois héros jouables et une intrigue plus nuancée autour des descendants du héros originel. Le HD-2D Remake reprend fidèlement cette structure, mais la sublime à travers une direction artistique somptueuse. L’univers d’Alefgard et ses contrées annexes prennent vie avec cette patte visuelle désormais emblématique, mêlant pixels rétro et effets de lumière 3D. L’héritage d’Akira Toriyama est respecté jusque dans les moindres détails : les sprites des monstres, les villages et les châteaux sont magnifiquement recréés, tout en conservant leur charme 8-bit. Le résultat est à la fois nostalgique et enchanteur, donnant l’impression de feuilleter un conte ancien sous une lumière nouvelle.

Deux époques, un même souffle héroïque

Le choix de regrouper Dragon Quest I et II dans un même package n’a rien d’anodin. Square Enix mise clairement sur la continuité narrative qui relie les deux jeux : le second épisode se déroule en effet cent ans après le premier, dans le même univers, mais avec de nouveaux royaumes et de nouveaux personnages. Cette approche renforce la cohérence de l’ensemble et donne au joueur une réelle impression de saga. Dans Dragon Quest I, la progression est minimaliste : un héros, un monde ouvert dès le départ, et un enchaînement de combats au tour par tour simples mais addictifs. C’est un voyage initiatique dans sa forme la plus pure. À l’inverse, Dragon Quest II introduit une vraie équipe de trois personnages, des sorts plus variés, des navires, et un scénario plus riche. Le remake parvient à équilibrer ces différences sans trahir leur essence : on ressent l’évolution naturelle du JRPG entre 1986 et 1987, mais présentée avec le confort et la fluidité de 2025.

HD-2D : l’alchimie parfaite entre rétro et modernité

Visuellement, c’est un petit bijou. Les développeurs maîtrisent désormais parfaitement le moteur HD-2D, déjà utilisé dans Octopath Traveler et Triangle Strategy. L’éclairage dynamique donne une profondeur inédite aux environnements, les reflets sur l’eau scintillent, et chaque village regorge de petits détails qui rappellent le pixel art d’époque. Les transitions entre les deux mondes, l’utilisation subtile de la parallaxe et les effets de brume contribuent à créer une atmosphère magique. L’interface, elle aussi, a été repensée : les menus sont clairs, modernes, mais conservent la police d’origine, clin d’œil savoureux aux années 80. L’ergonomie générale rend la navigation beaucoup plus fluide, sans jamais sacrifier la simplicité qui faisait la force des jeux d’origine. Le travail sonore est tout aussi remarquable : les thèmes de Koichi Sugiyama ont été réorchestrés avec une finesse exemplaire, tout en laissant la possibilité de basculer vers les versions chiptune pour les puristes.

Un gameplay toujours aussi addictif

Ce qui frappe dans Dragon Quest I & II HD-2D Remake, c’est à quel point la formule, vieille de près de quatre décennies, fonctionne encore. Le système de combat au tour par tour, volontairement épuré, n’a rien perdu de son efficacité. On enchaîne les affrontements avec plaisir, entre deux villages ou dans les profondeurs d’un donjon. L’équilibrage a été légèrement revu pour rendre la progression plus fluide, mais sans retirer la sensation de danger : mourir reste possible, surtout dans Dragon Quest II, connu à l’époque pour sa difficulté relevée. Le rythme du jeu a été ajusté : la fréquence des combats aléatoires est plus raisonnable, et les allers-retours fastidieux ont été allégés grâce à des options de confort modernes (téléportation rapide, sauvegardes automatiques, mini-carte intégrée). Ces ajouts respectent l’esprit de l’œuvre tout en la rendant beaucoup plus accessible aux nouveaux joueurs. Mention spéciale au travail d’équilibrage du second volet : le remake corrige plusieurs frustrations de la version originale, notamment la distribution des objets rares et la difficulté du boss final. On sent une réelle volonté de rendre l’expérience agréable sans dénaturer le challenge.

Une aventure courte mais intemporelle

Ne vous attendez pas à une épopée de 60 heures : Dragon Quest I se termine en une dizaine d’heures, Dragon Quest II en une vingtaine. Mais leur complémentarité crée un ensemble cohérent et satisfaisant, un peu comme deux chapitres d’un même livre. Le plaisir vient ici de la découverte, du charme désuet de ces mondes miniatures où chaque maison recèle un secret, chaque PNJ une petite phrase pleine de naïveté. Le scénario, certes simple, fonctionne encore : la pureté du propos – sauver le monde, vaincre le mal, protéger la lignée héroïque agit comme un rappel de ce qu’est l’essence même du JRPG. Pas de rebondissements grandiloquents, pas de trahisons théâtrales : juste une aventure sincère et intemporelle.

Une réédition pensée avec amour

On aurait pu craindre un simple coup de pinceau graphique, mais le HD-2D Remake de Dragon Quest I & II est bien plus que cela. Il s’agit d’un véritable hommage à ce que le genre doit à ces pionniers. Les développeurs ont intégré des carnets de quêtes, des descriptions enrichies pour les objets, et même un codex retraçant la mythologie d’Alefgard. Pour les fans, c’est un régal ; pour les néophytes, une porte d’entrée idéale. L’ensemble tourne parfaitement, sans ralentissement ni bug notable, que ce soit sur Switch, PlayStation ou PC. Le jeu profite également de temps de chargement quasi inexistants, preuve du soin apporté à cette restauration.

Quelques limites tout de même

Tout n’est pas parfait. Certains trouveront que la fidélité à l’original confine parfois au conservatisme : les dialogues restent très simples, la structure en aller-retour peut sembler datée, et le manque de quêtes secondaires scénarisées limite un peu la profondeur. De même, le rythme très linéaire du premier épisode pourra paraître trop minimaliste pour les joueurs habitués aux productions modernes. Enfin, le prix pourra faire tiquer : si le contenu reste honorable, on reste sur des expériences relativement courtes. Mais c’est aussi le prix à payer pour une restauration aussi soignée.

Conclusion

Dragon Quest I & II HD-2D Remake n’est pas seulement une nostalgie bien emballée : c’est une redécouverte essentielle de l’histoire du jeu de rôle japonais. Square Enix parvient à rendre justice à ces deux monuments fondateurs tout en les adaptant avec intelligence aux standards modernes. Le résultat est à la fois fidèle, émouvant et d’une beauté rare. On ressort de cette aventure avec le sourire, conscient d’avoir rejoué à quelque chose de simple, mais fondamental. Ces deux jeux rappellent qu’avant les mondes ouverts et les cinématiques spectaculaires, il y avait une étincelle : celle du courage, de la curiosité et du plaisir de l’exploration.

Écrit par: Warmelin

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