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Shinobi : Art of Vengeance

today05/09/2025 40

Arrière-plan
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Quatorze ans. C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour voir le retour de la licence Shinobi sur le devant de la scène vidéoludique. Avec Shinobi: Art of Vengeance, Sega et le studio Lizardcube (les créateurs du remake de Wonder Boy: The Dragon’s Trap et de Streets of Rage 4) signent un come-back qui, dès les premières minutes, sent bon la nostalgie… tout en affichant une ambition résolument moderne. Proposé sur toutes les plateformes actuelles, ce nouvel opus revient aux sources de la série : un jeu d’action-plateforme en 2D, nerveux, précis, et sublimé par une direction artistique unique. Mais ce retour est-il à la hauteur de la légende ?

Le contexte : renaissance d’un mythe

On ne va pas se mentir : la saga Shinobi avait disparu des radars depuis bien trop longtemps. Après quelques tentatives en 3D dans les années 2000, plus ou moins réussies, la franchise semblait condamnée à vivre uniquement dans le cœur des fans de rétro. C’est donc une belle surprise que Sega ait confié les clés de son ninja emblématique à Lizardcube, studio reconnu pour son respect des œuvres originales tout en leur offrant une seconde jeunesse. Leur idée ? Revenir à la 2D, à l’action pure, mais avec une identité visuelle et sonore forte. Ici, tout est dessiné à la main, avec une inspiration évidente des estampes japonaises traditionnelles. Chaque décor, chaque animation, chaque mouvement du héros respire l’amour du détail. Le résultat : un jeu qui, dès le premier regard, impose une patte artistique marquée, presque intemporelle, tout en rendant hommage à l’histoire de la licence.

Une histoire simple, mais efficace

Dans Art of Vengeance, on retrouve Joe Musashi, le ninja emblématique de la série. Dès l’introduction, son village est attaqué et ses habitants transformés en pierre par une organisation militarisée connue sous le nom d’ENE Corp, menée par le sinistre Lord Ruse. Musashi se lance alors dans une quête de vengeance, bien décidé à sauver les siens et à faire payer les responsables de ce massacre. L’histoire ne révolutionne pas le genre : elle reste dans le registre classique du justicier solitaire qui avance niveau après niveau pour se venger et restaurer l’ordre. Mais ce n’est pas un reproche. Shinobi n’a jamais cherché à faire du scénario un élément central ; c’est avant tout une toile de fond pour l’action, et ici, cela fonctionne parfaitement. La mise en scène, sobre mais élégante, avec quelques cutscenes stylisées, suffit à immerger le joueur dans cet univers sombre et épique.

Un gameplay précis et jouissif

Là où Shinobi: Art of Vengeance impressionne le plus, c’est dans sa prise en main. On retrouve la nervosité et la précision qui ont fait la renommée de la série. Joe Musashi dispose de plusieurs armes : son katana, évidemment, mais aussi des kunais et surtout des techniques ninpo dévastatrices qui permettent d’éliminer plusieurs ennemis d’un seul coup. Le système de combat repose sur un enchaînement d’attaques rapides, de contre-attaques et de combos aériens. Plus on varie les coups, plus on gagne en style, avec même des exécutions spectaculaires sur certains ennemis. Le tout reste fluide, jamais brouillon, et procure un vrai sentiment de puissance. À cela s’ajoute une dimension plateforme très travaillée : double-sauts, dashs aériens, accroches murales… la maniabilité de Musashi est un régal. On traverse les niveaux en alternant combats nerveux et phases d’exploration plus calmes, avec parfois des secrets bien cachés derrière des passages optionnels.

Une structure inspirée du metroidvania

Si la série originale proposait une progression linéaire, Art of Vengeance s’inspire ici des mécaniques metroidvania modernes. Certains pouvoirs, obtenus au fil de l’aventure, permettent de retourner dans des zones déjà visitées pour découvrir des passages jusque-là inaccessibles. Cela donne un côté plus ouvert et plus riche à l’exploration, sans jamais perdre le rythme. Les niveaux sont variés : villages en feu, forêts de bambous, bases futuristes, déserts… chaque zone apporte ses propres ennemis, pièges et ambiances visuelles. L’aventure principale peut se terminer en une petite dizaine d’heures, mais la recherche de tous les secrets et l’envie de maîtriser le jeu à 100 % prolongent considérablement la durée de vie.

En bonus, des modes annexes comme un Boss Rush ou un mode Arcade permettent de prolonger le plaisir une fois l’histoire bouclée.

Une direction artistique somptueuse

Visuellement, le jeu est une véritable claque. On l’a dit : Lizardcube a opté pour un style 2D dessiné à la main, très inspiré des estampes japonaises. Les arrière-plans regorgent de détails : pagodes en ruines, montagnes embrumées, temples mystérieux… Chaque tableau ressemble à une peinture vivante. Les animations ne sont pas en reste : les mouvements de Musashi sont d’une fluidité exemplaire, et les attaques spéciales bénéficient d’effets visuels spectaculaires sans jamais nuire à la lisibilité de l’action. On sent que chaque frame a été pensée pour offrir à la fois dynamisme et clarté. Côté bande-son, on retrouve une ambiance à mi-chemin entre le Japon traditionnel et des sonorités plus modernes, parfois électroniques, qui collent parfaitement à l’univers cyberninja du jeu. Les bruitages, eux, renforcent l’impact de chaque coup porté.

Conclusion 

Shinobi: Art of Vengeance est une véritable lettre d’amour à la licence mythique de Sega. Beau, fluide, exigeant sans être frustrant, il parvient à faire le grand écart entre nostalgie et modernité. Les vétérans retrouveront des sensations proches des épisodes 16-bits, tandis que les nouveaux venus découvriront un jeu d’action-plateforme élégant, généreux et incroyablement plaisant à prendre en main. Certes, tout n’est pas parfait : le scénario reste secondaire, et la durée de vie pourrait sembler un peu courte aux joueurs les plus acharnés. Mais l’essentiel est ailleurs : Art of Vengeance rappelle pourquoi Shinobi a marqué son époque, tout en lui offrant une seconde jeunesse éclatante. Pour les amateurs de jeux d’action exigeants, de direction artistique soignée et de gameplay aux petits oignons, ce retour du ninja est un passage obligé.

Écrit par: Warmelin

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